La petite librairie

La vie de la maison

«Pages éternelles» a lu et a aimé «Maille à maille» de Simone Righetti

« Sarah aime bien ça….une maille à l’endroit, une maille à l’envers … ça l’apaise, elle tricote sa laine tout en tricotant ses souvenirs mais parfois ceux-ci lui font sauter une maille… vite, vite  retrouver cette maille vagabonde pour ne pas plonger dans ce TROU NOIR, celui où tu cherches en vain qui tu es, pourquoi ce prénom de Gerda dont on t’a affublé et surtout chercher pourquoi tu ne te souviens que du cri de ta mère quand on t’a arrachée à ses bras, il y a longtemps, c’était en Pologne.

Quelle jolie poupée tu fus. Une poupée qui savait pleurer sans qu’on ait besoin de remonter un quelconque mécanisme, une poupée qui se laissait coiffer au gré des humeurs de sa propriétaire de douze ans, une poupée vivante offerte comme on offre un énième bonbon à une fillette capricieuse.

Il arrivait qu’elle se fasse câliner par les mêmes mains qui frappaient et c’était bon à prendre.

Il arrivait qu’elle riait comme rit une enfant de 3 puis 4 puis 5 puis 6 ans mais cela n’empêchait pas les cauchemars la nuit.

Et puis, tout à une fin, même l’horreur, et la vie va continuer, cahin-caha, toujours aspirée par ce TROU NOIR, jusqu’au jour où devant ses yeux elle la verra, la reconnaîtra, sa poupée qu’elle avait serrée si fort dans ce wagon, sa poupée parmi tant d’autres poupées abandonnées à Auschwitz en 1942, et à ce moment, elle sait qu’elle s’appelle Sarah et non pas Gerda.

Faut-il pardonner pour arriver à vivre ? Le doit-on ? Le peut-on ?

Y a t-il des particules d’humanité dans nos bourreaux ?

Dans un contexte aussi dramatique l’auteure a su rester sobre, sans complaisance mais sans animosité également, sans esprit de revanche, avec toute l’objectivité qui rend ce roman bouleversant à l’image d’un documentaire qui, par sa force, sa véracité  te ferait penser que cela aurait pu être toi, toi cette poupée qui fut de chiffons alors que tu n’étais que porcelaine.

Quel livre fort ! C’est Sarah qui parle, ce JE omniprésent nous introduit dans son intimité confessionnelle d’une intensité asphyxiante.

J’en reviens au pardon, libérateur sans nul doute, mais ici Sarah n’avait pas à pardonner car la fillette, Erika, celle qui jouait à la poupée, était elle même une victime, celle de ses origines, rédemption pour les deux.

À lire absolument. »

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